Après un bref historique de l'histoire de la pédagogie (
"accompagner
l'enfant vers les savoirs et vers la cité") et son lien avec le soin,
Tristan Garcia-Fons (2008) propose une définition de la psychopédagogie :
"Dans
cette perspective, la pédagogie devrait prendre en compte l'enfant dans sa
globalité : c'est précisément l'objet de ce qui est s'est développé sous le
terme de psychopédagogie qui recouvre un vaste domaine de pratiques et de
recherches".
En s'appuyant sur la pensée Freudienne et de son évolution, il développe son
propos pour nous aider à comprendre les inhibitions intellectuelles de certains
enfants.
Au départ pour Freud,
"l'éducation a pour but la transformation de la
sexualité infantile : soumettre la pulsion sexuelle à des fins socialement
conformes...C'est ici que Freud indique les trois voies possibles offertes à la
pulsion de savoir : inhibition de la pensée, érotisation et sublimation".
Après 1910, changement de cap, l'éducation doit faire place au principe de
réalité afin "
que l'enfant supporte une certaine dose de déplaisir - le
renoncement aux satisfactions pulsionnelles immédiates - en vue d'un autre
plaisir..."
L'essentiel du principe éducatif échapperait aux éducateurs, les parents en
seraient les principaux acteurs. L'apport de la psychanalyse permettrait aux
éducateurs
"de comprendre et excuser les réactions qu'ils
rencontrent".
Freud distingue deux types d'inhibition :
- une inhibition pure : une inhibition de défense ou d'évitement,
- une inhibition symptomatique : de l'angoisse au symptôme.
La première permet d'éviter l'angoisse et permet de vivre dans la réalité
socialement acceptable. Ce qui est inhibé n'est pas supprimé mais détourné (
"bon
nombre d'enfants dits "déficients" admis en établissements
spécialisés relève très fréquemment de cette inhibition..."). Ce qui
relève du symptôme (obsessionnel, hystérique ou phobique) disparait quand le symptôme est levé.
Pour Tristan Fons, les enfants reçus en CMPP présentent majoritairement une
entrave à l'accès aux savoirs en lien avec leur
"problématique
œdipienne". Lorsque l'enfant entre dans la phase de latence, le désir
d'apprendre est étroitement corrélé avec la curiosité sexuelle (
"qui
sert de stimulant»,
«motif essentiel de l'éveil de l'intelligence»),
trois voies sont évoquées (à lire également dans cette thématique, l'enfant à
l'intelligence troublée de Bernard Gibello, Dunod, 2009) :
- l'inhibition intellectuelle partage le sort de la sexualité refoulée,
-
"le refoulé fait retour sous forme de pensée obsédante et
d'érotisation de la pensée" (hips !),
-
"la curiosité sexuelle se soustrait au refoulement et à
l'inhibition par sublimation" (rehips !),
Il conclut par évoquer la situation de certains enfants
qui bloquent dans les apprentissages et qui sont aux prises avec l'inhibition psychique :
- les performances scolaires satisferaient trop le parent (
"enjeu de
séduction incestueuse"),
- le fils par exemple, dépasserait le père (
"tuer
symboliquement le père"),
- se contenter de peu, une réussite scolaire serait assimilée à un désaveu
de la culture d'origine.
Enfin, il présente le cas des enfants qui "
semblent avoir dépassé leur
problématique œdipienne et dont le désir d'apprendre apparait intact, échouent
de façon inquiétante comme si l'accès à la connaissance les menaçait
réellement." L'interdit de savoir et les non-dits en seraient les
principaux responsables. ( à lire également de Serge Boimare, l'enfant et la
peur d'apprendre, Dunod, 2008).
Retrouvez l'ensemble de cet article :
Garcia-Fons Tristan, "Psychanalyse et pédagogie, une tension
fructueuse" Exemple de l'apport de la psychanalyse à la compréhension de
l'inhibition intellectuelle,
La lettre de l'enfance et de l'adolescence, 2008/2 n°72, p.19-24. DOI :
10.3917/lett.072.0019
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